À l’époque des femmes au foyer et des hommes ouvriers, l’alcool était habituel sur le lieu de travail. Aidant à tenir des conditions de travail pénibles, comme à fraterniser avec les collègues. Il a aussi détruit bien des vies de famille, et écourté la vie de nombreux hommes.
Progression sociale oblige, nous ne fatiguons plus pour les mêmes raisons. Et boire au travail (comme fumer dans les salles de pause) est dépassé. Un nouveau moment a vu le jour, convivial, motivant, créant du lien social dans l’entreprise : la pause-café. Si votre entreprise pratique plutôt le “chacun pour soi”, et que vous travaillez dans une ambiance délétère, vous y avez peut-être échappé. Quelle chance (?)
Sinon, voici ce qui vous attend :
Le syndrome de la chouquette…
Vous vous retrouvez au moins une fois par semaine, si ce n’est chaque matin à 10h, à partager un bon café. Tous réunis autour d’un plateau de viennoiseries, chocolats ou petits beurre gentiment apportés à tour de rôle. Ou les chouquettes de votre N+1 attentif à la cohésion de l’équipe – vous êtes chanceux. Ou les élégants coffrets de chocolats fins de la part de vos patients reconnaissants pour la façon dont vous avez pris soin d’eux (oui, c’est du vécu).
C’est la nouvelle norme.
Un homme des années 80 avait parfois du mal à refuser le verre de vin blanc à 10h de la part d’un fournisseur. Ce qui nous parait aujourd’hui surréaliste. Il faut bien du courage à la femme qui tente de refuser la part de brioche fêtant le départ à la retraite de Jean-Marc. Ou les cookies maisons pour les vacances de Sophie. Ou les chocolats du dernier né de Céline.
Un moment propice aux échanges informels, aux brainstorming constructifs, au plaisir partagé. Une soupape dans des journées parfois sous tension.
Pourquoi donc y voir un problème ?
Parce que je reçois en consultation de plus en plus d’hommes et de femmes pour qui cette sympathique habitude est devenue néfaste. Pour leur poids d’abord, puis pour leur santé au fur et à mesure des kilos qui s’accumulent. Puis finalement pour leur estime d’elles et d’eux-mêmes. L’estime de soi qui fait que l’on prend des initiatives au travail. Que l’on croit en son potentiel et que l’on donne le meilleur de soi.
Une diététicienne, entendant cette problématique, pose la question : “Avez vous vraiment faim quand arrive cette pause ? Ne pouvez pas simplement passer votre tour ?“
Serait-ce si simple ?
Petit creux, besoin d’appartenance au groupe, remarques et moqueries des collègues… gourmandise… rendent la résistance difficile. Le simple fait de parler de résistance signifie déjà beaucoup.
Mieux manger en entreprise
Certaines entreprises donnent l’exemple et fournissent à leurs collaborateurs des conditions favorables à un bon équilibre alimentaire. Les chouquettes sont remplacés par des paniers de fruits- un tout autre apport nutritionnel. Et les brainstormings désertent parfois la table garnie d’agapes pour arpenter les jardins alentours, façon Aristote. Certaines décisions d’équipe se jouent au babyfoot. Des traiteurs bios sont invités, avec des propositions comblant nos besoins nutritionnels et notre envie d’aliments de qualité, locaux, de saison et sans additifs.
Très motivée et active dans ce sens, l’entreprise iAdvize a mis en place le mois du bien-être au travail. Après avoir recensé les souhaits et besoins des équipes, il a été proposé des temps d’échange sur la déconnexion, le sommeil et la détente. Et également sur l’alimentation.
J’ai donc eu le plaisir d’y animer une table ronde : Mon bien-être au quotidien dans l’assiette/ Intestins, 2ème cerveau. Ce temps était très vivant, ludique, et a permis d’apprendre. Et de déconstruire certaines idées reçues. Et surtout se motiver à améliorer les habitudes, concrètement.
Nous avons également réalisé un atelier de cuisine ” Repas de fête végétarien“, volontairement basé sur des aliments moins connus, mis en valeur pour plaire aux papilles. Du fenouil cru dans une entrée festive et parfumée. Une poêlée de topinambour. Du sarrasin dans un feuilleté gourmand. Des pois chiches comme des cacahuètes pour picorer à l’apéritif. Du panais dans une soupe sucrée salée. Des chips craquantes de chou Kale… Et même du tofu soyeux dans un dessert façon nougat glacé !
L’entreprise, où nous passons la plupart de nos journées, a tout à gagner à favoriser l’information sur la santé, à permettre les échanges, le changement d’habitudes. Mieux nourri, en meilleur forme, chacun est plus à même de donner le meilleur de soi dans son travail.
Et chez vous, on commence quand ?
Manifestez votre souhaite de mieux manger auprès de votre Comité d’Entreprise, votre Happy Manager, votre fameux N+1 sympathique offrant des chouquettes pour fédérer l’équipe.
Vous pouvez également monter un projet à plusieurs et intégrer les entreprises actives du Programme National Nutrition Santé. Ou encore initier un team-building sur ce thème propice à des jeux sensoriels, des quiz, des concours de cuisine. Parler de nourriture, cuisiner et goûter favorise vraiment la complémentarité des compétences, le plaisir de la découverte et la cohésion.
Quelques points faciles à améliorer :
Les bonnes conditions pour mieux manger au travail.
- le temps de pause : si l’on veut pouvoir mastiquer un bon repas complet, il faut 45 minutes de pause-déjeuner. Cela s’étudie avec votre N+1 humain et sympathique lors de la conception des plannings.
- la salle de pause : pour sortir le nez de son écran, ou éviter l’express “sandwich-shopping”, il est essentiel de bénéficier d’un local où se réunir et partager un temps de véritable pause. Il devient alors possible d’apporter son bento, rempli d’aliments que vous aurez choisis, et plus économique qu’un repas au restaurant.
- De quoi réchauffer : bien entendu, la salle de pause se doit d’offrir un four à micro-ondes, mais également une plaque à induction.
- L’installation d’une douche : pour permettre la pratique sportive. Car en nutrition nous ne nous arrêtons pas à notre façon de nous nourrir. Nous accordons autant d’importance à l’utilisation de l’énergie absorbée. L’activité physique trouve sa place en entreprise depuis quelques années grâce à des défis, des pauses assez longues pour cumuler repas et pratique sportive, ou les modes de déplacement doux. Il est important de pouvoir se doucher avant d’entamer la journée de travail après avoir pédalé 30 minutes, parfois à vive allure ! Pour les moins sportifs et sportives, il est possible d’aménager des temps, collectifs ou individuels, de relaxation ou de massages. Mobiliser son corps autrement, c’est aussi en prendre soin.
La composition d’un déjeuner au travail :
Un déjeuner rapide au travail doit comporter, comme tout repas principal :
- Un élément cru : entrée de crudité (ou carotte à croquer), salade verte ou fruit à croquer en dessert. Ce réflexe possède d’innombrables vertus. Le cru vous aide notamment à mastiquer et vous rassasier durablement, vous évitant le coup de pompe de l’après-midi. Les vitamines boostent votre immunité, et les fibres de votre transit !
- Du gras : huile de la vinaigrette ou en filet sur le plat principal, poisson gras, avocat ou graines oléagineuses (tournesol, noix, amandes…). Et de temps en temps beurre ou crème fraiche.
- Des protéines : un élément du groupe viande/poisson/œufs par jour suffit. Ou dans la catégorie végétale lentilles, pois cassés, haricots blancs, tofu ou pos chiches. En grains ou en croquettes végétales.
- De l’énergie pour fonctionner : des féculents ! À choisir complets de préférence, et en alternant riz, pommes de terre, pâtes, pain, semoule et d’autres grains pour les plaisirs variés : sarrasin, quinoa, avoine, millet, et toute la famille des légumineuses…
- Des légumes cuits et/ou crus variés, riches d’antioxydants, vitamines, minéraux et fibres. Au moins 150g de ces aliments, les seuls agissant vraiment pour la protection de votre organisme face à la pollution, au stress, à la sédentarité… Ne les oubliez pas ! Vous pouvez même les associer à des herbes aromatiques, cousines très vitaminées des légumes !
- Un verre d’eau pour participer à l’hydratation de la journée.
Sel, sucre, charcuterie ne font pas partie de nos besoins. Ils sont très souvent présents dans les plats préparés, que l’on pourra éviter grâce à une organisation préalable. Penser à compléter et apporter les restes du dîner de la veille.
Mieux manger s’intègre à tous les aspects de notre vie, à condition d’être informé, attentif et motivé. Car les aliments qui nous serons proposés “par défaut” sont souvent des aliments ultra-transformés ou trop riches par rapport à notre mode de vie sédentaire. Gardons la pertinence de manger uniquement lorsque nous avons faim. Et des préparations le plus souvent faites par nos soins, à partir d’aliments de qualité !